Histoire du Kobudo
Le terme KOBUDO est le terme générique englobant tous les arts martiaux ayant été fondés avant l'êre Meiji (1868-1912).
La TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU.
Tenshin signifie : directement des cieux
Shoden signifie : véritable enseignement
Katori est le nom de la ville où se trouve le temple shinto dans lequel le fondateur à passé une période de 1000 jours d'ascèse avant de fonder l'école.
Shinto est la religion
Ryu signifie l'école.
Ainsi Tenshin Shoden Katori Shinto Ryu peut signifier : Ecole de l'enseignement divin shintô véritable de Katori
LES ORIGINES : IIZASA IENAO CHOISAÏ
Les origines de l'école remontent au XVème siècle. A cette époque, un guerrier du nom de IISAZA IENAO, ayant compris que les guerres et les conflits ne pouvaient qu'entraîner la ruine de la noblesse, se retira au temple de Katori, l'un des deux sanctuaires shintô consacrés aux arts martiaux (l'autre étant celui de Kashima), sous le nom de CHOISAI IENAO. A la fin d'une période d'ascèse de 1000 jours, il définit en 1447 la doctrine de l'école. C'est pourquoi elle est dite "inspirée par Dieu" (Tenshin Shoden).
Maître Iizasa Choisai Ienao est né en 1387 au Japon. Au sein de la famille Chiba, il a acquis une réputation martiale exceptionnelle (qui ne cessera de croître par la suite) et participa à de nombreuses batailles où il ne fut jamais vaincu. Il fut même quelques temps instructeur du Shogun Ashikaga Yoshimasa.
A l'âge de 60 ans, Ienao pris le nom de Choisai et entreprit une retraite spirituelle pendant mille jours et nuits, durant laquelle il se livra à un shugyo (entraînement, purifications et prières à la divinité Futsunushi-no-Okami). Il reçut une révélation spirituelle et suite à celle-ci créa son école qu'il nomma Tenshin Shoden (transmission divine) Katori Shinto Ryu. Il n’enseignait qu'au travers d'un entraînement austère, le pratiquant pouvant atteindre le concept de katsujin-enken (sabre qui préserve la vie, éveille et accomplit l'être humain). Il mourut en 1488 à l'âge de 102 ans. Il est enterré près du Sanctuaire de Katori.
IISAZA CHOISAI IENAO (1387-1488)
UNE TRANSMISSION CONTINUE
A partir du fondateur, toute une lignée (20) d'héritiers grands Maîtres appelés "Soke", de père en fils, ont perpétué l'enseignement original. Ceci jusqu'au 18ème Soke, Shuri No Suke MORISADA qui mourut en 1898 à l'âge de 59 ans sans laisser d'héritier mâle.
Pendant vingt ans (1918), la perpétuation de l'enseignement de l'école fut assurée par un collège de neuf experts. Le chef de l'école (Ryu) devant impérativement appartenir à la famille du fondateur, un nouveau Soke fut introduit par le biais d'un mariage au sein de la famille Iizasa. Il s'agissait du Professeur KINJIRO qui prit donc en 1929 le nom de Iizasa SHURI NO SUKE KINJIRO.
C'est en 1928 que Me Kano (fondateur du judo) créa une section de recherche sur les arts martiaux traditionnels.le KOBUDO KENKYUKAI. Il invita au Kodokan des experts des arts martiaux traditionnels, et notamment 4 maîtres du KATORI SHINTO RYU, les maîtres SHIINA, TAMAI, ITO et KUBOKI, afin d'initier ses jeunes gradés aux arts traditionnels et d'éviter que ceux-ci ne disparaissent. Me MOCHIZUKI Minoru et Me SUGINO Yoshio reçurent cet enseignement.
Conquis par l'art extraordinaire du Katori Shinto Ryu, Me Sugino s'y adonna avec passion sous la direction des maîtres Shiina, Tamaï et Ito durant deux ans, puis devint le disciple particulier de Me Shiina durant près de 10 ans. Yoshio Sugino (杉野嘉男), né le 12 décembre 1904 à Narutō (Japon) et mort le 13 juin 1998 à Tokyo (Japon) a démarré la pratique du kenjutsu en 1927 à l'école Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū. A la fin de sa vie, Maitre Yoshui Sugino était 10ème Dan (1981) de l'école Katori Shintō-ryū, l'une des plus anciennes écoles d'arts martiaux.
Au japon, Me SUGINO est connu pour avoir réglé les combats des films de samouraï tels les 7 samouraï d'AKIRA KUROSAWA ou des films de INAGAKI IROSHI. Deux acteurs s'initièrent à l'art du Katori, Shimura TAKASHI et surtout Toshiro MIFUNE, mondialement connu.
Me SUGINI YOSHIO(1904-1998)
En 1982, Me FLOQUET rencontre Me SUGINO par l’intermédiaire de Me MOCHIZUKI . Après une période de perfectionnement de Me Floquet et de ses principaux disciples dans l'art du Katori, Me SUGINO organisa en septembre 1984 une présentation technique devant le soké actuel M. IIZASA YASUSADA. 6 mois plus tard le Soke autorisait Me SUGINO à confier à Me Alain FLOQUET la charge d'organiser l'enseignement du Katori Shintô Ryu en France. Le 8ème jour du 4ème mois de la 60ème année de l'ère showa (8 avril 1985 ) Me Sugino lui confiait officiellement la responsabilité du Katori Shintô Ryu en France.
Aujourd'hui Maître Yukihiro Sugino (9° dan Katori Shinto Ryu et Menkyo Kaiden), fils de Yoshio, à qui son père a délégué la responsabilité du dojo de l'école situé à Kawazaki.
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Un enseignement complet
L'enseignement complet de l’école s'articule autour de la pratique d'armes sous la forme de katas mais aussi historiquement de stratégie et de logistique militaire. On peut citer :
• Kenjutsu : techniques du sabre (4 katas de base Omote no Tachi, 5 avancés "Gōgyo no Tachi" et trois katas improprement appelés secrets, "Gokui Shichijo", très rarement démontrés en public.
• Iaijutsu : techniques de la coupe en tirant le sabre du fourreau (6 katas à genou Suwari Iai, 5 katas debout Tachi ai Battōjutsu et 5 katas avancés, "Gokui no iai")
• Ryōtōjutsu : techniques des deux sabres (4 katas)
• Kodachijutsu : techniques du petit sabre (3 katas Gokui no Kodachi)
• Bojutsu : techniques du bâton (6 katas de base Omote no Bō)
• Naginatajutsu : techniques de la hallebarde (4 katas de base Omote no Naginata)
• Sojutsu : techniques de la longue pique (6 katas Omote no Yari)
• Shurikenjutsu : techniques du lancer de pointes1 (7 katas de base Omote no Shuriken)
• Senjutsu : techniques de stratégie
• Shikujojutsu : techniques de construction de fortifications
• Ninjutsu : techniques d'espionnage
• Jujitsu : techniques à mains nues (36 katas)
En plus des enseignements de base (kamae et kata), certains bujutsu de l'école Katori comportent des kata, dénommés Gogyo and Gokui, destinés aux pratiquants expérimentés ou Yudansha. Ces techniques sont parfois appelées exagérément secrètes par l'exigence en maîtrise et investissement personnel dans la discipline mais aussi parce qu'elles sont connues et maîtrisées par un très petit nombre de pratiquants.
Ci-dessous une vidéo montrant la pratique de kata de sabre seul, le Iai.